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« Le choix de Tim Walz peut rassurer une Amérique rurale assez hostile aux démocrates »

Nouveau coup de théâtre dans une campagne présidentielle américaine qui n’en manque pas : Kamala Harris n’a pas choisi Josh Shapiro, gouverneur très populaire de Pennsylvanie, mais Tim Walz, représentant à la Chambre pendant douze ans et actuellement gouverneur du Minnesota, pour compléter le « ticket » démocrate.
le week-end du 3-4 août, il restait encore six candidats en lice que Kamala Harris a tenu à rencontrer afin d’évaluer ce qui n’est pas quantifiable : l’alchimie. Car la composition d’un tel attelage relève, en grande partie, de la subjectivité et du ressenti. Des indiscrétions citées dans Politico suggèrent que le courant est très bien passé entre Harris et Walz, nettement moins avec Shapiro, qui a ensuite annoncé qu’il tenait à boucler son propre mandat de gouverneur.
Aucun des finalistes n’était idéal, mais aucun n’était non plus rédhibitoire. Le choix de Tim Walz, nouveau héros de la gauche progressiste, enthousiasme la base démocrate, notamment les syndicats, mais surprend, car, à 60 ans et avec son allure de grand-père sympathique, il n’incarne pas le renouveau générationnel de la même manière qu’Andy Beshear (46 ans), gouverneur du Kentucky, ou que Pete Buttigieg (42 ans), l’actuel ministre des transports.
Par ailleurs, il est à la tête d’un Etat, le Minnesota, qui n’est pas un Etat-clé dont dépendra la victoire finale le 5 novembre… Contrairement à la Pennsylvanie de Josh Shapiro ou, dans une moindre mesure, l’Arizona du sénateur Mark Kelly. Enfin, le profil de Walz, étiqueté plutôt à la gauche de la galaxie démocrate, ne semble pas de nature à équilibrer le ticket vers le centre et à rassurer les modérés et indépendants sceptiques à l’égard de Kamala Harris.
C’est pourquoi Josh Shapiro avait nettement les faveurs des observateurs : il aurait peut-être pu faire la différence en Pennsylvanie, l’Etat-clé le plus doté en grands électeurs (19), sa popularité (plus de 60 %) était un atout supplémentaire, de même que sa capacité à travailler avec les républicains. Cependant, ses positions sur la situation au Proche-Orient et sa sévérité envers les manifestations propalestiniennes sur les campus irritaient toute une frange de la gauche, notamment sur les réseaux sociaux. Autant de traits qui auraient pourtant été appréciés par les électeurs décisifs : blancs, suburbains, plutôt âgés, ainsi que les juifs qui se sentent mal défendus voire trahis par les démocrates.
Josh Shapiro semblait donc être le candidat évident pour élargir l’électorat démocrate aux indépendants, voire aux républicains anti-Trump qui avaient voté pour Nikki Haley lors de la primaire du Grand Old Party, mais qui restaient sceptiques face à une démocrate plutôt progressiste de San Francisco. Par ailleurs, il n’est pas certain que, en dehors de la bulle des réseaux sociaux, les positions de Shapiro sur le Proche-Orient (ou sa judéité) auraient été rédhibitoires pour des électeurs par ailleurs prêts à voter pour Harris.
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